Comme pour l’ensemble de la population, les personnes en situation de handicap augmentent de beaucoup leurs chances de décrocher un emploi quand elles possèdent un diplôme d’études universitaire. Néanmoins, ces diplômés doivent affronter de nombreux obstacles, tant personnels que sociaux.
Selon l’Enquête sur la participation et les limitations d’activités 2001 (EPLA) de Statistique Canada, les diplômés universitaires en situation de handicap participent dans une proportion moins élevée au marché du travail que les autres diplômés (60,3% c. 87,3 %). Par contre, l’obtention d’un diplôme postsecondaire augmente leurs chances de travailler. Ainsi, les personnes en situation de handicap qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaire travaillent dans une plus faible proportion que celles ayant un diplôme postsecondaire soit 28 %.
Des personnes de plus en plus scolarisées
Les diplômés en situation de handicap arrivent sur le marché de l’emploi avec des diplômes qualifiants. Par contre, ils consacrent souvent plus d’années à leurs études que les autres étudiants. Pour plusieurs d’entre eux, l’âge auquel ils accèdent au marché de l’emploi peut devenir un obstacle. L’Enquête relance réalisée par l’AQICEBS en 2005, révèle ainsi que 37 des 61 répondants ayant obtenu leur diplôme en 2002-2003 avaient plus de 30 ans au moment de la recherche en 2005. Pour aplanir cet obstacle, Sylvain Le May et Gilles Ouellet, conseillers au Service d’accueil et de soutien aux étudiants en situation de handicap de l’UQAM, encouragent leurs étudiants à s’inscrire à temps plein.
Des employeurs timides
Les données révélées dans le Diagnostic sur la formation et l’emploi des personnes handicapées, publié en 2005, par le Comité d’adaptation de la main-d’œuvre pour personnes handicapées (CAMO-PH), montrent que les petites et moyennes entreprises embauchent un grand nombre de personnes en situation de handicap. Par contre, dans les entreprises de plus de 50 employés, ces travailleurs ne représentent que 0,7 % de la main-d’œuvre.
Par ailleurs, dans la fonction publique québécoise, ces personnes occupaient 0,9 % des postes permanents et 1,5 % des emplois occasionnels en 2006-2007. En 2002, le gouvernement avait comme objectif, sur une période de cinq à dix ans, que 2 % de l’effectif de la fonction publique soit composé d’employés en situation de handicap.
Au début des années 2000, le gouvernement du Québec avait prévu réserver des concours de recrutement pour les personnes en situation de handicap afin de sélectionner d’éventuels candidats pour les postes disponibles dans la fonction publique québécoise. Cette promesse n’a pas été tenue; par contre, le Secrétariat du Conseil du trésor conserve les noms des personnes qui réussissent le Programme de développement de l’employabilité à l’intention des personnes handicapées (PDEIPH) sur une liste d’aptitudes. Tous les gestionnaires des organismes du gouvernement provincial peuvent consulter cette liste.
Les personnes qui participent au PDEIPH reçoivent, comme tous les employés gouvernementaux, un salaire correspondant à leur scolarité et à leur expérience. Les diplômés universitaires en situation de handicap peuvent, grâce à ces stages, accéder à des postes réservés aux professionnels. Quarante-six personnes ont participé à ce programme en 2002-2003. La durée de ces stages était alors de 18 mois; aujourd’hui, elle n’est plus que de 12 mois. Ce programme a permis à certains stagiaires d’obtenir un emploi occasionnel ou même permanent dans la fonction publique québécoise.
Selon Gilles Ouellet et Sylvain Le May, les diplômés en situation de handicap doivent développer leur propre expertise s’ils veulent se démarquer. Ainsi, l’UQAM a embauché ces deux conseillers en situation de handicap en raison de leurs compétences respectives. Le premier possède une expérience de 15 ans dans le domaine de l’emploi; le second connaît bien les différentes déficiences et le milieu de la réadaptation.
De plus, le réseau facilite l’intégration au travail pour les diplômés en situation de handicap. Selon Sylvain Le May, « il ne faut pas hésiter à s’engager bénévolement et à accepter des emplois de courte durée ». Il sait de quoi il parle, car à la suite d’un contrat pour l’AQICEBS, il a obtenu son emploi de conseiller au Service d’accueil et de soutien aux étudiants en situation de handicap à l’UQAM.
Depuis plus de 40 ans, la société québécoise met en place des modalités pour faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap. Les portes des écoles primaires et secondaires se sont ouvertes. Des services de soutien aux études se sont organisés dans les cégeps et les universités pour faciliter l’accès aux études postsecondaires. Tous les changements sociaux portent à croire que ce n’est qu’une question de temps pour que les jeunes générations de diplômés en situation de handicap prennent réellement leur place sur le marché du travail.