19 août 2024

Accessiblité dans les facultés de médecine | Radio-Canada

Les facultés de médecine devraient être plus accessibles aux handicapés, selon un article

Radio-Canada

Shira Gertsman a dû surmonter des obstacles lorsqu’elle a choisi de faire carrière en médecine.

Elle avait la meilleure moyenne de toute l’Université d’Ottawa. Elle a eu une note parfaite à ses examens médicaux. Toutefois, Mme Gertsman avait peu de chances d’être admise dans les nombreuses écoles de médecine du Canada parce qu’elle vit avec un handicap.

Lorsque je faisais mon baccalauréat, j’ai consulté un conseiller en orientation professionnelle qui a examiné mon relevé de notes. […] Il a vu qu’une partie [de mon horaire de cours] était à temps partiel. Il m’a dit de ne pas me donner la peine de postuler, qu’il n’y avait aucun espoir, explique Mme Gertsman, atteinte de la maladie de Crohn, qui cause des inflammations chroniques de l’appareil digestif.

Heureusement, dit-elle, ces commentaires ne l’ont pas découragée. Aujourd’hui, elle est étudiante en médecine en dernière année à l’Université McMaster, de Hamilton, et fait partie d’une équipe de recherche qui a publié un article scientifique d’analyse des obstacles auxquels les personnes handicapées sont exposées lorsqu’elles posent leur candidature dans les écoles de médecine canadiennes.

Les auteurs de cet article, intitulé Tackling barriers in Canadian medical school admissions for students with disabilities [S’attaquer aux obstacles à l’admission des étudiants handicapés dans les écoles de médecine canadiennes, traduction libre] et publié fin 2023 dans le Journal de l’Association médicale canadienne, affirme que les écoles excluent systématiquement les étudiants handicapés et que des mesures destinées à supprimer ces obstacles seraient bénéfiques pour les patients.

Nous ne disons pas seulement que nous devrions admettre des étudiants qui vivent avec des maladies ou des handicaps pour des questions d’équité. Ces étudiants ont des qualités, explique Mme Gertsman.

Selon elle, rendre les facultés de médecine plus accessibles aurait des avantages pour l’ensemble de notre société.

Problèmes

L’équipe a examiné les politiques d’admission trouvées en ligne liées à l’accessibilité pour le cycle d’admission 2022-2023 dans toutes les facultés de médecine anglophones du Canada.

Nous n’avons trouvé aucune information sur les sites web des admissions concernant les types d’aménagements possibles, lors des entretiens ou des cours, que les étudiants peuvent consulter sans avoir à divulguer leur situation personnelle. De nombreux étudiants évitent de divulguer leur situation par crainte des stéréotypes, de la discrimination, voire de l’exclusion pure et simple, y lit-on.

De plus, les exigences traditionnelles, par exemple les notes au baccalauréat ou l’inscription à des activités extracurriculaires, peuvent représenter un obstacle considérable, selon les auteurs. Certains handicaps peuvent affecter les notes ou les résultats aux examens si l’environnement d’apprentissage n’est pas suffisamment accessible, ce qui fait de ces mesures de mauvais prédicteurs des performances futures d’un médecin sur un lieu de travail correctement adapté.

Les facultés de médecine ont longtemps été structurées autour de l’idée selon laquelle, pour être un certain type de médecin, il faut être capable d’être tous les types de médecins. Ainsi, les normes techniques génériques empêchent les étudiants d’accéder à des domaines dans lesquels ils pourraient exceller, y ajoute-t-on.

Solutions

Les chercheurs formulent plusieurs recommandations à l’intention des facultés de médecine :

  • Elles devraient réviser leurs processus d’admission afin de les rendre plus transparents.
  • Des ressources devaient être disponibles publiquement.
  • Plus de personnes handicapées devraient être évaluateurs d’entrevues et membres des comités d’admission.
  • Des formations spécialisées devraient être offertes aux responsables des admissions.
  • Des données sur les expériences des étudiants en médecine qui vivent avec un handicap – et ceux qui n’ont pas pu y être admis – devraient être colligées.
  • Une ligne directrice pancanadienne sur l’admission des étudiants handicapés devrait être rédigée pour toutes les universités.

Plus important encore, les facultés doivent aborder l’accessibilité avec créativité, ouverture et volonté.

Une citation deExtrait de l’article scientifique Tackling barriers in Canadian medical school admissions for students with disabilities

Résilience

Mme Gertsman explique qu’elle a dû suivre des cours de baccalauréat à temps partiel en raison de l’aggravation de ses symptômes de son handicap. Plusieurs écoles de médecine rejettent automatiquement ceux qui n’ont pas étudié à temps plein, dit-elle.

Je pense que j’ai fait preuve de beaucoup de résilience en poursuivant mes études, a-t-elle déclaré.

L’Association des facultés de médecine du Canada (AFMC) a refusé une demande d’entrevue, mais sa porte-parole, Angélique Simpson, a répondu par courriel que l’équité, la diversité et l’inclusion constituaient une priorité pour les écoles de médecine depuis de nombreuses années.

Mme Simpson a indiqué que le groupe de réflexion sur l’avenir des admissions au Canada avait formulé des recommandations en 2020 afin de garantir que les processus d’admission soient inclusifs pour les personnes handicapées.

L’AFMC travaille depuis deux ans pour aider tous les membres à faire avancer cet important domaine de travail, a-t-elle déclaré.

Mme Simpson a également indiqué que l’AFMC était sur le point de publier les recommandations finales d’un groupe de travail sur la révision des normes techniques qui a pour mandat de mettre les normes techniques canadiennes en conformité avec la Loi canadienne sur l’accessibilité.

Mme Gertsman a déclaré qu’elle avait bon espoir que l’AFMC allait rectifier le tir afin de faciliter l’admission de plus d’étudiants handicapés.

Avec les informations de Bobby Hristova, de CBC